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Clermont, un grain de sable de l’aventure terrestre et de l’histoire de l’Humanité.
Avant d’accueillir des êtres vivants, le bassin clermontois est marqué par la plupart des convulsions géologiques qui ont modelé notre planète, depuis son émergence voici 4,5 milliards d’années. Des êtres unicellulaires apparaissant vers 3 milliards d’années aux dinosaures reconnus vers 150 millions d’années, les ères primaires et secondaires façonnent notre vieux socle hercynien, sur lequel se superposent successivement, entre autres éminences, les volcans de la Chaine des Puys (100 000- 5600 avJC).
La grande modification géologique locale prend sa place avec l’effondrement du fossé de Limagne, vers 30 millions d’années, accompagnée de la constitution d’un lac, au fond duquel vont s’accumuler d’importants dépôts apportés par le ravinement du vieux socle. Des volcans lacustres déposent par la suite, vers 16 millions d’années, des collines modifiant l’horizon (Crouël, Montaudou ...). Une phase d’érosion intense prend ensuite durablement le relais.
Si l’hominisation remonte à environ 6 millions d’années (Afrique), ce n’est que vers -200 000 ans que l’on en trouve trace dans un horizon assez large autour de Clermont-Ferrand (Néanderthal ?). En effet le territoire n’est pas toujours accueillant. Ce n’est qu’en Haute Loire (Chilhac) que la présence humaine est attestée par la découverte d’outils primitifs vers – 1 million d’années. Le bassin clermontois est impacté par l’alternance des périodes glaciaires. Toutefois, si les sols connaissent gel et dégel, les glaciers restent accrochés aux montagnes.
Diverses éruptions volcaniques, durables ou ponctuelles, perturbent fortement le paysage et provoquent des modifications à grande échelle. Le réchauffement affectant les phases interglaciaires entrainent une érosion des sols et d’énormes crues des rivières. Des glissements de terrain déplacent des masses de terre et de rochers. La faune et la flore fluctuent en s’adaptant aux conditions climatiques.
Après la formation de la butte de Clermont, à partir de la bouche volcanique de Jaude, voici environ 150 000 ans, la Tiretaine, qui prend sa source sur le vieux socle, dévale la Grande Faille puis se divise au pied de celle-ci, constituant deux bras principaux issus du cône de déjection. La fureur des volcans de la Chaîne des Puys et le contexte glaciaire représentent encore un milieu hostile : éruptions, nués de cendres, coulées de lave, glissements de terrains, jusque vers 6000 avJC.
Les hommes de Néanderthal sont présents dans la Comté d’Auvergne au moins entre 80 et 40 000 ans avJC (Chauriat, Mirefleurs). Les premiers homo sapiens (Cro Magnon), attestés dans la région sont les Gravettiens du Sire à Mirefleurs. Les Magdaléniens occupent ensuite la région vers 13 000 ans AVJC (Enval puis le Pont de Longues), remplacés à leur tour par les Aziliens vers 12 000 -11 000 ans avJC (Varennes sur Allier, Lempdes, Les Martres d’Artière). Des groupes humains du Mésolithique sont présents vers 8000 ans AVJC avec le site des Patureaux au pied du Puy de Crouël.
Les chasseurs cueilleurs du paléolithique évoluent localement et progressivement, relayés peu à peu par les premiers paysans sédentaires et producteurs à partir du Néolithique ancien aux alentours de 5000 avJC. Dans le bassin clermontois, la sédentarisation des agro-pasteurs est effective dès le début du IV° millénaire avJC (culture chasséenne), avec l’apparition de maisons pérennes et l’implantation de villages en bordure de cours d’eau comme à Beaumont et à Cournon d’Auvergne. L’économie céréalière, assez diversifiée, est avant tout basée sur la culture de l’amidonnier et de l’engrain (variétés primitives de blé). Parallèlement l’élevage se développe et le bœuf prédomine au sein des cheptels domestiques. Dès lors, les communautés néolithiques entretiennent une économie vivrière et artisanale (poterie, vannerie, tissage,…), mais aussi d’échange et de commerce. Au cours du Néolithique final, entre 4000 et 3500 avJC, l’économie se diversifie, les échanges s’amplifient et les compétitions sociales s’accroissent. L’implantation de dolmens et celle d’occupations funéraires prennent place dans un environnement forestier semi-ouvert. Les habitats sont préférentiellement installés sur les coteaux et les pieds de versants comme à Trémonteix mais les positions hautes sont également occupées. Qu’il s’agisse de camps retranchés ou de lieux de culte, leur rôle économique, social et spirituel a sans doute dû être majeur au sein des communautés et des territoires au cours du III° millénaire avJC.
Dès le deuxième millénaire avant notre ère, la maîtrise progressive du travail des métaux modifie les conditions de vie et en particulier de l’activité agraire. La population augmente et la vie sociale se modifie (organisation sociale, habitat, rites funéraires, religion…). L’exploitation de mines locales est encore mal connue mais l’activité métallurgique se développe. Les matériaux (l’or, le cuivre, l’étain, le bronze, le fer) sont importés depuis des territoires producteurs proches. L’Age du Fer, à partir de 800 avJC, correspond à une période d’émergence de nouveaux modes d’organisations sociales et d’artisanats novateurs. Une forte implantation apparait en plaine de Limagne en bordure d’une zone humide intéressante pour les cultures. Dès le III° siècle avJC il s’y développe entre autres de grandes fermes indigènes comme celle du Patural au pied du puy de Crouêl. Des habitats denses et structurés, avec un artisanat riche et varié, s’installent, entre le puy de la Poix et celui de Gandaillat, près d’Aulnat, et sur le plateau de Corent. Certaines productions, en particulier des céramiques, des armes et des bijoux, revoient le jour dans les fouilles archéologiques et sont conservées au Musée Bargoin. Cette société se compose d’entités territoriales de petite taille, indépendantes les unes des autres.
L’usage de l’écriture est très limité et se résume pour l’essentiel au marquage des récipients en céramique et à la monnaie. Si l’image du gaulois, guerrier redoutable, est véhiculée par la littérature gréco-romaine, l’archéologie dépeint principalement une société de paysans, d’artisans et de commerçants. Ce sont ces derniers qui contribuent au développement des échanges avec l’espace méditerranéen dont la Grèce et Rome. Au premier siècle avant notre ère ce sont les romains qui vont progressivement imposer leur culture puis leur domination sur ces gaulois turbulents mais globalement peu familiers du port des armes. La « Guerre des Gaules » scelle ainsi facilement le destin des Arvernes malgré la victoire de Vercingétorix (80-46 avJC) sur César (100-44 avJC) à Gergovie
Dès la fin de la Guerre des Gaules (52 avJC), les autorités romaines mettent en place des institutions nouvelles. Il faut cependant attendre le règne de l’Empereur Auguste (27 avJC – 14 de notre ère) pour constater la réalisation d’un réseau de voies reliant Lyon, capitale des Gaules, à l’ensemble des cités gauloises (réseau d’Agrippa). La nouvelle situation politique est habilement substituée à l’ancienne en intégrant les divinités locales à côté du culte impérial. Dès le milieu du premier siècle, une nouvelle capitale, dénommée Augustonemetum, est créée de toutes pièces sur un site inoccupé
Elle est structurée selon un paysage urbain conforme aux préceptes des architectes romains, avec ses rues orthogonales (cardo-décumanus), son forum avec ses édifices publics, ses bâtiments souvent en petit appareil, ses réseaux, ses monuments, ses fontaines, ses artisanats et ses nécropoles. La romanisation des élites, commencée pour certaines familles avant la Conquête, se poursuit et l’attrait de la ville exerce son magnétisme ; le développement s’étend à travers des quartiers suburbains et des fermes majestueuses dans un cadre agraire structuré. Les demeures somptueuses (peintures murales, mosaïques, hypocaustes,, eau courante,…) de l’aristocratie s’implantent en bordure de certains lacs dont celui d’Aydat ou sur des sites suburbains particulièrement favorisés (sources, exposition à l’est, salubrité, …).
La paix romaine offre une vie socio-culturelle propice au développement des villes et des campagnes surtout le long des grandes voies. Des monuments magnifiques sont érigés tant dans la capitale que dans les villes secondaires et sur des sites privilégiés, soit en hauteur (Ceyssat et Temple du puy de Dôme) soit en bordure des grands axes de circulation. Des relais s’implantent sur le réseau routier sillonné, en particulier, par le trafic postal et les légions romaines. Les rivières, principalement l’Allier, sont utilisées pour le transport des marchandises lourdes ou volumineuses, comme les poteries de Lezoux, le bois d’œuvre et les blocs de pierre dont les meules pour les moulins. Cette prospérité se reconnait, entre autres, par l’étendue atteinte en un siècle par les aménagements urbains d’Augustonemetum
Diverses dégradations climatiques et politiques amorcent, dès la fin du III° siècle, une déstructuration des conditions de vie des arvernes et donc des habitants de la capitale. Grégoire de Tours (538/39-594), né à Clermont, situe à cette époque la destruction du grand temple de Vasso Galate (Mur des Sarrazins, rue Rameau). Après un rétablissement momentané de la puissance Romaine au IV° siècle, de nouvelles invasions impactent l’ordre social. Les migrations les plus conséquentes (Wisigoths dans le sud-ouest de la Gaule, Burgondes vers Lyon, Vandales, …), en provenance d’Europe centrale, lancées au cours de l’hiver 406, affectent l’économie et la qualité de vie, même à l’abri des montagnes d’Auvergne. En principe au service des autorités romaines, les peuples migrants mènent bien vite une politique indépendante et déstabilisatrice. Bien que le territoire arverne soit moins soumis que d’autres provinces aux razzias, les contrecoups se ressentent. La population diminue et l’organisation de l’habitat se modifie (abandon de certains sites et constitution de fortifications). Le nom de la ville change au cours de l’Antiquité tardive en évacuant la référence à Auguste pour adopter une appellation historique, Civitas Arvernorum.
La religion chrétienne supplante les cultes polythéistes et s’impose dans la gestion de la cité. Sidoine Apollinaire (430-486), aristocrate originaire de Lyon mais surtout gendre de l’Empereur Avitus (395-456), acquiert une véritable notoriété en particulier à travers ses œuvres littéraires et sa fonction d’évêque à partir de 470. Sa « villa des Montagnes », probablement à Aydat, exprime les modes de vie de l’aristocratie arverne pendant l’Antiquité tardive. Sidoine organise avec succès la défense de la ville lors du siège des Wisigoths, mais l’empereur romain d’Occident (Julius Nepos 474-475) cède le territoire arverne aux Wisigoths pour garder la Provence. La disparition de l’Empire romain d’Occident impose une nouvelle organisation sous domination wisigothique des arvernes à partir de 476 jusqu’en 507, date de la défaite des Wisigoths à Vouillé (Clovis 466-511, roi des Francs). La ville se replie à l’intérieur d’une petite enceinte pouvant accueillir une population estimée à 700 habitants, avec un faubourg important au quartier de Saint-Alyre puis dans le quartier Fontgiève (les juifs ont fortement contribué à l’introduction de la nouvelle religion). Ce nouveau contexte se traduit concrètement, vers 460, par l’édification d’une première cathédrale, dédiée aux saints martyrs Agricol et Vital, par l’Evêque Namace (486-559). Contemporain de celui-ci, l’ermite Abraham fonde la première communauté monastique à Saint Cirgues (près de la rue Fontgiève).
Le haut Moyen Age est traversé par d’importantes et violentes perturbations socio-politiques et par de rudes conditions de vie. Cette période nous est décrite, en particulier, par Grégoire de Tours. La vie s’organise autour de « l’enceinte aux 5 portes », des églises (liste connue à la fin du X° siècle) et des monastères. Quelques habitations suburbaines, dont une, entourée d’un fossé, a été étudiée récemment près de l’ancienne église de Neyrat, sont érigées par de grands propriétaires terriens, succédant ainsi aux domaines gallo-romains. Dès le XI° siècle ceux-ci deviennent des seigneurs quasiment indépendants. Le diocèse d’Auvergne, dont l’étendu correspond probablement à l’ancienne province arverne, passe progressivement, à travers divers épisodes guerriers et mariages aristocratiques, sous la tutelle franque ; la principale autorité locale reste celle de l’Evêque.
Le premier monastère à s’implanter est celui de Chantoin (entre la rue des Jacobins et la place des Carmes). Une nouvelle cathédrale remplace l’édifice primitif au X° siècle Un concile, en présence du Pape Urbain II (1042-1099) et des autorités ecclésiastiques, se tient à Clermont en 1095 ; c’est lors de celui-ci qu’est prêchée la Première Croisade. L’administration laïque n’a cependant pas disparu. Elle est représentée par le comte. D’abord contrôlé par les souverains mérovingiens (dynastie régnante du V° au milieu du VIII° siècle) puis carolingiens (751-X° siècle), il s’émancipe dès la fin du IX° siècle. Il possède un château dit « Clarus mons », Clairmont, et ce nom va supplanter celui de Civitas Arvernorum.
Les XII° et XIII° siècles renouent avec une embellie significative. Le progrès économique général entraine un développement de la ville. Trois quartiers se forment autour des églises du Port, de Saint Pierre et de Saint Genès, enserrés dans une enceinte au plan en forme de trèfle. A l’extérieur apparaissent plusieurs enclos monastiques, au XII° siècle les Prémontrés à Saint André et au XIII° les deux ordres mendiants des Franciscains ou Cordeliers, avec la chapelle de Beaurepaire à l’ouest, et des Dominicains ou Jacobins à l’est
Les abbayes jouent un rôle majeur dans la relance des pratiques agricoles autour de la ville. Des granges monastiques s’implantent pour l’alimentation des moines. Cette activité apportera un renouveau pour l’exploitation des terres Les paysans en tirent profit en apprenant des modes culturaux qui améliorent leurs conditions de vie et leur pratiques agraires. De nombreux conflits éclatent au moment des récoltes et se soldent parfois par des affrontements sanglants.
Mais la nouveauté majeure est la naissance de Montferrand. La volonté des Comtes d’Auvergne permet cette fondation sous la forme d’une bastide méridionale à forte activité commerciale. Les Comtes d’Auvergne conservent toutefois, dans la ville de l’Evêque, le Palais de Boulogne. Ce dernier situé à l’emplacement de la mairie actuelle et de la rue « Halle de Boulogne » en garde le souvenir ; les comtes ont acquis cette lointaine possession par un mariage. Montferrand, mieux placé que Clermont par rapport à la grande route nord-sud, connait un grand développement commercial avec, en particulier, ses foires et le fameux Marché aux Provisions pour les achats du Carême
A cette époque, les villes reçoivent généralement des chartes de franchise associant les habitants à leur gestion. C’est le cas à Montferrand, mais Clermont, à cause de mouvements séditieux, ne parvient pas à obtenir de charte et doit attendre le XVI° siècle pour avoir une administration municipale. Clermont devient cependant en 1296 « bonne ville » (ville associée au pouvoir royal mais aussi soumise à une forte pression fiscale)
Les XIV° et XV° siècles apportent de nouvelles catastrophes. Le XIV° siècle est tout spécialement marqué par la Peste Noire qui enlève, au dire du chroniqueur Froissart (1347-1404 environs), «la tierce partie » de la population et par la Guerre de Cent Ans. Craignant les répercussions de cette dernière, les Cordeliers préfèrent se transférer à l’intérieur du rempart. De fait des « routiers » (combattants professionnels se réclamant du Roi d’Angleterre mais cherchant surtout leur profit) s’emparent par ruse de Montferrand, mais l’évacuent rapidement après un sévère pillage. A Clermont la crise provoque l’arrêt des travaux de la cathédrale qui est en cours de transformation en édifice gothique. Elle ne recevra d’ailleurs ses flèches qu’au XIX° siècle.
Le XV° n’est pas non plus une bonne période pour Clermont, restée simple ville, siège de l’Evêché, car elle voit son rôle de capitale menacé à la fois par Riom, qui est la base des Bourbons, auquel le roi a abandonné en apanage ses possessions auvergnates, et par Montferrand acquise des Comtes par le souverain et restée hors de l’apanage des Bourbons. Un baillage royal s’y installe et acquiert un grand rayonnement. Ce rôle judiciaire a une traduction monumentale par les beaux hôtels construits par les officiers du baillage. Pour clore cette époque funeste Clermont sera fortement dégradée par des tremblements de terre (niveau 7 selon les descriptions de destruction) entre 1452 et 1493 (surtout celui de 1492 qui détruit, entre autres, une partie des remparts et le clocher de Notre Dame du Port).
Au XVI° siècle, ouverte sur la dynamique de la Renaissance, Clermont reçoit diverses personnalités italiennes, qui jouent un rôle significatif dans son renouveau urbanistique et culturel. La confiscation des possessions des Bourbons en 1527, sur fond de montée en puissance de l’autorité royale, met en compétition Riom et Montferrand. La première l’emporte et semble devoir éclipser Clermont. L’avenir de la ville est sauvée par Catherine de Médicis (1519-1589), épouse puis mère de rois, née à Florence mais qui était aussi l’héritière des Comtes d’Auvergne (famille de la Tour d’Auvergne)
Elle gagne un procès contre l’Evêque pour récupérer Clermont qu’elle considére comme la capitale du Comté. Elle y installe une cour de Justice de même niveau que celle de Riom, sauvant ainsi Clermont du déclin. Dans ses bagages, elle amène une personne atypique, Symeoni dit le Florentin (1509-1575), contemporain de Léonard de Vinci, auquel on doit la reprise du ravitaillement de Clermont en eau potable, détruit à la fin de l’époque romaine. Il est aussi l’auteur d’une spectaculaire carte de la Limagne et le premier à proposer le site de la ferme de Gergovia pour la bataille de Gergovie.
C’est aussi l’époque des Guerres de Religion (seconde moitié du XVI° siècle). Si Clermont semble avoir été épargné par des épisodes sanglants, il n’en est pas de même dans un proche environnement (deux protestants brulés vifs à Montferrand et un à Issoire). L’état d’esprit de la population en subit probablement les impacts socio-culturels. Le siècle se termine par le conflit opposant le prétendant protestant Henri de Bourbon à la Ligue catholique. Clermont a joué la carte de la légitimité contre Riom ligueuse. Finalement la conversion d’Henri IV ramène la paix.
La vie provinciale au XVII° siècle s’adapte à l’apogée de la royauté absolue qui s’exprime, localement et entre autres, par la toute-puissance des intendants (…Trudaine, Ballainvilliers, Chazerat). Ces représentants directs du roi occupent un rang social élevé qui se traduit par la richesse des édifices qu’ils occupaient (Hôtel de Chazerat par exemple). La décision de démolition des derniers châteaux féodaux des environs (application de l’ordonnance de 1633) est prise en présence de Richelieu (1585-1642) lors d’une réunion au Château de l’Oradou.
« Les Grands Jours d’Auvergne » en 1665 renforcent encore l’autorité royale. Une personnalité marque cette époque : Blaise Pascal (1623-1662). Né à Clermont il se révèle un mathématicien, physicien, inventeur, philosophe et théologien exceptionnels. Il s’illustre entre autres avec la mise en évidence de la pression atmosphérique (mesures effectuées en 1648 par son beau-frère Périer dans l’enceinte du Couvent des Minimes et au sommet du puy de Dôme). Il invente et fabrique la première machine à calculer, la Pascaline, en 1642. Dans le domaine juridique, Jean Domat (1625-1696) se distingue également comme chef de file du mouvement rationaliste visant à harmoniser et codifier les textes législatifs de son époque.
Aux XVII° et XVIII° siècles, le contexte féodal s’évanouit et le règne de la royauté absolue s’impose dans tout le royaume. Après les Edits de 1630 puis de 1731 les bourgs de Clermont et de Montferrand s’unissent et adoptent le nouveau nom de Clermont-Ferrand qui s’imposera lentement. Cette nouvelle entité traverse honorablement cette période, magnifiée par le Siècle des Lumières (1715-1789). Jacques Delille, né à Clermont-Ferrand (1734-1813), plus connu sous le nom d’Abbé Delille, se révèle un des meilleurs poètes de son temps. C’est aussi la naissance de la Franc Maçonnerie et des académies dont la Société des Sciences, Belles-lettres et Arts de Clermont-Ferrand en 1747
La Révolution bientôt passe par là avec ses époques troublées ; les personnalités de Georges Couthon (1755-1794) et de Gaultier de Biauzat (1739-1815) s’y distinguent. Georges Couthon exerce, entre autres activités juridique et politique, la direction du premier Bureau de Bienfaisance, bras armé de l’action sociale du nouveau pouvoir, impliquant aussi les toutes nouvelles autorités municipales. Si le télégraphe de Chappe ignore Clermont et l’Auvergne, des artisanats se développent, en particulier les faïenceries au début du XVIII° siècle en harmonie avec une véritable prospérité dans le domaine agro-alimentaire.
Dans l’esprit des grands projets qui traversent les siècles, depuis 163O, une volonté s’incruste de relier Clermont à l’Allier par un canal afin de favoriser les transports de matériaux lourds. La ville souffre en effet de ne pouvoir être facilement desservie, ce qui nuit à la fluidité des transports de certains produits nécessaires à l’activité artisanale ou domestique. Catherine de Médicis en est l’initiatrice. Le port est prévu place des Carmes. Le projet est repris en 172O et aussitôt abandonné en raison de la banqueroute de Law (1671-1729). Cette perspective revient cycliquement sur le bureau des autorités locales. Ce sera même un des premiers projets défendus par la toute nouvelle Chambre de Commerce et d’Industrie au XIX° siècle. Le chemin de Fer sonne le glas de cette dynamique de désenclavement en se substituant à elle.
Dans le sillage des initiatives amorcées par les Intendants de l’Ancien Régime, de gigantesques travaux marquent Clermont-Ferrand et sa banlieue, surtout sous le Second Empire. Dans le domaine de l’urbanisme, s’inspirant de l’œuvre titanesque du Baron Haussmann (1809-1891) à Paris, l’architecte Viollet le Duc (1814-1879) transforme la ville et dote enfin la cathédrale de ses deux flèches. Poussent également de grands immeubles (l’hôtel de ville, le tribunal et la prison,…) et se percent de grandes artères, notamment le Cours Sablon et la rue Blatin, tandis que les grands réseaux se mettent en place
Clermont accueille, en 1876 par décision nationale, la première station météorologique de montagne ; en effet ce besoin s’est imposée à la suite de la catastrophe navale de la Mer Noire (14 novembre 1854, 38 navires et leurs équipages envoyés par le fond). Constitué d’un édifice spécifique au sommet du puy de Dôme et d’une station de plaine dans la tour d’un ancien domaine médiéval rue de Rabanesse, il est un jalon de l’histoire de la météorologie moderne née en 1663 avec l’expérience de Blaise Pascal. Cette activité s’y maintient jusqu’en 1913 avant de rejoindre le site de l’avenue des Landais. En 1998 l’institution rejoint le Complexe Universitaire des Cézeaux (aujourd’hui Observatoire de physique du Globe de Clermont-Ferrand). C’est le début de l’ouverture de grandes unités scientifiques. Entre autres découvertes, le deuxième directeur du Laboratoire Météorologique, Bernard Brunhes (18671910) met en évidence le champ magnétique terrestre. Cet éclair de génie, capital pour l’histoire de la Terre, lui vaudra de donner son nom à la période magnétique actuelle. L’inversion des Pôles est, quant à elle, découverte sur le plateau de Laschamps, à la base du puy de Dôme, en 1972
Le XIX° siècle, époque de bouillonnement scientifique et industriel, bien connue sous le vocable de la Révolution Industrielle, voit éclore une cité en phase avec son temps. C’est l’arrivée du Chemin de Fer (inauguration de la gare le 7 mai 1855) et l’urbanisation du quartier de la gare et de la Rotonde. L’activité bénéficie d’une banque régionale dynamique, la Banque CHALUS, ouverte depuis1797. C’est aussi l’adoption du premier tramway électrique d’Europe en 1890 et les innovations en matière d’éclairage public (réverbère au gaz puis électriques - usine avenue de la République et barrage de Queuille). Un ingénieur des Ponts et Chaussées en poste à Clermont-Ferrand, (Claude BURDIN, 1788-1873) invente la turbine, élément essentiel des barrages, pour la production de la toute nouvelle source d’énergie, la Fée électricité. Ce sont les établissements Fourneyron qui l’exploiteront industriellement.
Ces innovations se greffent sur une richesse locale, basée de manière multiséculaire sur les productions agro-alimentaires, notamment les pâtes bénéficiant du blé de très grande qualité de la Limagne. Un évènement important se dégage avec le développement de la production de sucre (dont l’actuelle sucrerie de Bourdon) et le rôle du bouillant Duc de Morny (1811-1865), demi-frère de Napoléon III, à partir de la betterave ce qui a permis un large accès à la consommation de sucre. En outre la vigne, les vergers, le champs d’angéliques alimentent une vie agraire foisonnante.
La production de confitures, de fruits confits, de sucreries diverses, de chocolats, de vins et de fromages nourrit un commerce florissant et fournit de l’activité à une main d’œuvre nombreuse. Celle-ci devient le fer de lance des besoins de l’industrie naissance à la suite de la crise du phylloxera qui ravagera (en commençant par Saint Germain Lembron en 1888) les vignes à la fin du XIX° siècle. L’heure des ouvriers-paysans (exploitants agricoles travaillant aussi en usines) sonne et va nourir l’économie locale jusqu’au premier quart du XXe siècle. Connues depuis l’Antiquité les propriétés des sources thermales attirent de nombreux curistes dont beaucoup de « coloniaux » qui introduisent les fruits exotiques, le chocolat, les épices…. mais aussi quelques maladies. Dans l’ombre de Vichy, Royat et Châtelguyon accueilleront de hautes personnalités : Edouard VII d’Angleterre, Georges SAND, Colette, Maurice BARRES,…..
L’industrie et les programmes municipaux d’urbanisme, d’action socio-culturelle, sportive et éducative modèlent la ville moderne et estompent la structure de la cité médiévale originelle. L’essor de Bergougnan, et surtout de la Manufacture Française des Pneumatiques Michelin (première fabrique, place Delille, par Barbier Daubrée en 1832), fait de Clermont-Ferrand le référent mondial dans le domaine du pneumatique et de la mobilité. Le clermontois Fernand Forest (1851-1914), un des inventeurs du moteur à explosion, en serait particulièrement fier. La Manufacture s’inscrit au début du XX° siècle dans la dynamique du paternalisme industriel en assurant à ses salariés la jouissance de toutes les nécessités de la vie domestique (logement, transport, établissement de santé, écoles, commerces alimentaires, comité d’établissement pour les loisirs, …).
C’est encore elle qui ouvre à Aulnat pendant la Grande Guerre (1916) la première piste en dur (naissance de l’aéroport d’Aulnat), avant de commercialiser les fameuses Michelines (heureux mariage entre rail et pneu) en 1931. Elle suscite aussi l’ouverture des grandes écoles dont l’école Nationale de chimie, contribuant avec la municipalité et l’Etat, à ouvrir les portes au rayonnement universitaire actuel de Clermont-Ferrand ainsi qu’à la diversification de son activité économique dans un réseau de transport moderne
Les apports de populations, qui se cristallisent principalement à Clermont-Ferrand avec l’industrialisation, imposent l’émergence de plans d’urbanisme et la construction de nombreux logements qui affectent d’abord la commune elle-même (plan d’extension des années 30).
La restructuration d’une partie du plateau historique (quartier Saint Eloi ex Touret) redynamise l’occupation de la butte.
Autour des usines s’implantent diverses cités à l’initiative des entreprises les plus importantes, (Faure et Kessler, Michelin, Bergougnan, Ollier). Le même processus apparait à Chamalières avec La Banque de France.
La nécessité du logement social va aussi imposer aux pouvoirs publics le lancement de divers programmes de construction de logements HLM, la figure de proue, toujours présente, restant la Muraille de Chine à la naissance du quartier Saint Jacques.
La construction des nouveaux quartiers provoque l’extension du réseau des rues pour une adaptation harmonieuse aux nouveaux besoins dont le viaduc Saint Jacques au début des années 60 et diverses rocades.
Les transports en commun connaissent une mutation avec l’abandon du tramway à la fin des années 50, au profit en particulier du transport par bus ; la construction de grands parkings souterrains s’efforce d’absorber le flot important de véhicules.
L’extension urbaine va progressivement relier le tissu clermontois à celui des communes environnantes dont l’urbanisation (pavillonnaire, zones industrielles, gares ou aéroport) se dessine autour des anciens bourgs vignerons et des implantations industrielles ou de loisirs. L’intercommunalité se développe dans le droit fil de l’évolution et de la régulation nationale
Des zones industrielles accompagnent la mutation de l’activité économique régionale et des équipements publics de santé, de loisirs, d’enseignement ainsi que sociaux complétent les structures collectives déjà réalisées.
Le budget municipal de la ville centre voit ainsi son montant multiplié par 1000 entre le début et la fin du XXe siècle.
Les 21 communes de la Métropole moderne composent désormais une collectivité en harmonie avec son temps avec un urbanisme fonctionnel, un réseau de transport en commun évolutif, un cadre de vie particulièrement envié, un véritable dynamisme socio-culturel et un rayonnement universitaire avec de solides composantes.
Si Clermont accueille les premiers imprimeurs dès la fin du XVe siècle, il faut attendre jusqu’au XIXe siècle pour y trouver une presse locale régulière. Jusqu’en 1965, le quotidien La Montagne avait trois concurrents principaux. D’abord, propriété de la famille Montlouis, proche politiquement des Radicaux, se trouvait le Moniteur. Fondé en 1856.
Il est racheté en 1926/27 par Pierre LAVAL et disparait à la Libération en 1944. L’Avenir du Plateau Central, né en 1896, est l’organe de la Droite Catholique ; il cesse aussi de paraitre en 1944.
La Liberté s’installe dans ses locaux devenues disponibles, 9-13 rue du Port, avant au milieu des années 1960 de succomber victime de l’activisme politico-syndical de la C.G.T. du Livre de La Montagne et de la politique du groupe de presse Le Parisien dont il était une filiale. D’importantes maisons d’éditions accompagnent cette vie culturelle locale.
Malgré les efforts de la Chambre de Commerce et d’Industrie, le territoire n’a pas reçu de station locale d’émission radio grand public avant 1945, date de la fondation de Radio Clermont Auvergne à Chamalières et de l’activation de l’émetteur Petites Ondes d’Ennezat (détruit en 2016).
La télévision couvre notre territoire, d’abord à partir du Mont Pilat (Crêt de l’Oeillon – Loire), à partir du milieu des années 1950 puis depuis l’émetteur du puy de Dôme dès 1957. Tout cela prépare et annonce notre univers médiatique actuel
Marie BECHE-WITTMANN, Hélène MARTIN, Christian BARBALAT, Jean-Claude QUESNE, Centre d’Etude et de Recherche d’Archéologie Aérienne,
Anne-Sophie SIMONET, Philippe FAURE, Jean-Paul BRUN, Musée Bargoin, Musée Lecoq, Archives Municipales de la Ville de Clermont-Ferrand,
Archives départementales du Puy de Dôme, Bibliothèque Nationale, Association pour les Caves de Clermont, le Service Régional d’Archéologie,
André COLLIN, INRAP, EVEHA, HADES, Daniel LEGUET, Denis TOURLONIAS, Yves MICHELIN, Jean-Pierre COUTURIE, Pierre BOIVIN, Nathalie VIDAL,
Jean-Michel DELAVEAU, Jean-François PASTY, Frédéric SURMELY, Sylvie SAINTOT, Yann DEBERGE, Christine JOUANNET, Hélène DARTEVELLE,
Christian LE BARRIER, Bernard CLEMENCON, Bertrand DOUSTEYSSIER, Annick STOEHR-MONJOU, Hervé DELHOOFS, Gabriel FOURNIER, Sébastien GAIME,
Pierre CHARBONNIER, Emmanuel GRELOIS, Johan PICOT, Annie REGOND, Michel ASTIER, Pierre JUQUIN, Stéphane NICOLAS, Bernard DOMPNIER,
Dominique ROBINOT, Michèle DELEIGNE, Pierre DARMANT, Francine MALOT, Laurent MASSELOT, Sœur Saint Bernard (Saint Alyre), Sabino MOUSTAKI,
Bibliothèque du Patrimoine, ARGHA ( M. LUQUET), Librairie Nos Racines, Nathalie ROUX, Frédéric MANUCH, Jean-Pierre TIXIER, Joëlle BRUNEL,
Pierre-Gabriel GONZALEZ, Roland FLEURAT.
Annie BACQUA,
Joëlle BARBARIN,
Marie-Thérèse BERNETTE,
Simone CHABROL,
Geneviève DURAND,
Micheline HUBERT,
Marion MARCADET,
Marie-Claude MIALET,
Marion MARCADET,
Marie-Claude MIALET,
François RIGOLE,
Françoise SALEM